C’est une porte bleue.

Poème

Les_mots _sons
1 min ⋅ 06/05/2024

Au bout du chemin de ma douleur, une porte bleue. La lumière sous son pas. Ses rais rugissants quand le mal m'enveloppe.

Quand la nuit m'écorche.

Quand le jour m'arrache.

Je me pends à son bras. À sa main de porcelaine parée de fleurs marine, à son sourire de laiton que je tourne d'un doigt, aux rides dans le bois qui marquent son grand âge. 

Au bout du chemin de ma douleur, je sais cette porte bleue. La lueur que je saisis me projette en avant. Oui je souffre, oui j'ai mal, mais elle tempère le supplice. Elle me dit que le jour est même quand j'ai les yeux clos, quand mon corps me trahit, quand viennent les soubresauts.

Elle calme les tornades de mes muscles en tenaille, embaume l'épine de braise qui me déchire les os, atténue l'hématome de mes membres engourdis, élague au couteau mon épiderme en flammes.

La porte bleue est là, comme un phare sans eau. Elle guide mes pas peureux et me tient par l'épaule.

Je sais que tu as mal, ne me quitte pas des yeux.

Les_mots _sons

Par Raphaëlle Mara

Raphaëlle Mara, je suis professeur de Lettres dans le secondaire depuis une quinzaine d’années. J’ai publié un premier roman, Amaisadís, aux éditions Ozril, en octobre 2022. Passionnée de littérature, je suis une grande lectrice. Je lis, partout, tout le temps. Et quand je ne lis pas, j’écris.

J’écris des romans, des textes courts, des essais, de la poésie. Je m’inspire de ce qui m’anime, de ce qui m’entoure, des émotions qui m’assaillent et m’étreignent. Écrire est l’occasion pour moi de chercher à répondre aux questions qui me bousculent, de m’interroger sur les sujets qui me touchent.

L’écriture commence, à mon sens, par ce quelque chose qui titille, une espèce de gêne au fond du ventre qui pousse à mettre des mots, pour tenter d’expliquer, de comprendre, de dénoncer. L’écriture, pour devenir plus. Et aussi pour être aimée.