Poème
Je ne m’effondrerai pas. Tu peux attendre, flageolant, que ma carcasse s’épuise, qu’elle s’écroule et se fane. Encore. Tu peux patienter et scruter le moindre signe. Du frémissement des cils aux paupières qui tremblent. Tu me verras fébrile, hésitante. Oui. Le regard souvent lointain et vide. Du gris qui dégouline de mes yeux qui se noient. Tu entendras mon âme pâle, hésitante et chétive danser sur la pointe des pieds, en équilibre sur des dents de scie. Tu devineras la béance au milieu de mon ventre, le vent qui s’y engouffre et les rafales qui secouent, qui sifflent, qui ravagent tout. Tu pourras lire la lassitude immense qui vêt mes lèvres sèches, le sourire qui s’étouffe sous un rouge carmin et qui fait illusion comme on dit je vais bien.
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