- Extrait -
Cette femme allongée là, l’air frêle et pourtant conquérant, je voudrais pouvoir tout dire d’elle, raconter dans le moindre détail tout ce qui fait sa personne. Mais elle est un mille feuilles, superposition de couches fragiles et friables qui cache bien des secrets sous l’apparence onctueuse et douce de la crème, qui camoufle sans efforts tout ce qui la compose.
Il y a cette façon qu’elle a de croiser les bras dans le dos quand elle marche seule et de se pencher légèrement en avant, comme si elle était à l’affût des moindres détails de tout ce qui l’entoure, là une fleur, ici une coccinelle. Il y a ces promenades matinales qu’elle fait très tôt, avant le petit déjeuner, qu’il pleuve, qu’il vente, que les éléments se déchaînent ou qu’il fasse un soleil radieux, l’allure preste d’une mésange, le pas souple et sûr, prendre la nature avant la journée. Il y a sa manière de mettre sa main devant la bouche pour contenir un rire, ce petit son sibyllin, si particulier, signe distinctif, comme un écho qu’on ne pourrait pas retenir et qui viendrait percuter toutes les parois du jour, et puis sa frange, épaisse, lourde et brune qui habille son front et derrière laquelle elle se cache pour rougir ou pleurer.
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